Le colloque international Histoires et Archives, arts et littératures hypermédiatiques, sera présenté du 30 avril au 2 mai 2009, à l'Agora Hydro-Québec du Coeur des Sciences, 175 avenue Président-Kennedy.
ENTRÉE LIBRE
Problématique:
La prolifération des micro-ordinateurs et les développements du World Wide Web dans les années 90 ont entraîné une effervescence d’oeuvres artistiques et littéraires créées en vue d'une mise en réseau numérique. Le Web est un espace de diffusion indissociable de leur expérience. Inauguré en 2005, le Laboratoire NT2 vise à promouvoir l'étude, la lecture, la création et l'archivage des œuvres hypermédiatiques. Pour répondre à ce mandat, l'équipe du laboratoire travaille à la constitution d’un Répertoire des arts et des littératures hypermédiatiques. C'est au cours de l'élaboration de ce dernier qu'une réflexion sur les enjeux de l'archivage s'est imposée.
La question de l'archivage soulève la nécessité de repenser nos façons d'analyser les œuvres et de questionner leurs implications historiques. Dans le cadre de ce colloque, nous souhaitons réunir chercheurs et artistes dont le travail porte sur les enjeux liés à la conservation et à l'histoire des œuvres issues de l'hypermédia. Les arts et littératures hypermédiatiques appellent une réflexion théorique que nous désirons pluridisciplinaire. Les théories artistiques et littéraires s'enrichissent ainsi mutuellement pour approfondir l'étude de l'art Web. Quels discours, typologies, histoires propres aux arts et littératures hypermédiatiques pouvons-nous construire à partir des nombreux articles, ouvrages théoriques et récits de navigation publiés à ce jour ? De quelles manières pouvons-nous assurer leur préservation et leur actualisation pour le développement d'une réflexion historique ? Disposons-nous des outils théoriques et techniques nécessaires afin d'analyser et de préserver les expériences interactives ?
La création des œuvres hypermédiatiques soulève d’importants enjeux liés à l'Histoire et à l'archivage, qu'il s'agisse de la remédiatisation d'œuvres ou de l'appropriation du matériel disponible sur le Web. La prolifération des œuvres s'inspirant des micro-récits — témoignages, confessions, vlogues, blogues, photographies amateures — permet-elle de constituer une vue globale de notre époque ? Par quels processus de légitimation ces œuvres s'inscrivent-elles dans l'histoire ? Quels sont les moyens dont disposent les créateurs pour promouvoir et diffuser leurs œuvres ?
Orientations thématiques :
Conservation
Le développement rapide des technologies de création et de visionnement rend l'existence des oeuvres hypermédiatiques précaire. Ces oeuvres, mises en ligne depuis quelques années, soulèvent divers problèmes de réception et de conservation. Comme il est ardu et coûteux de développer des solutions de préservation et que la captation vidéo des œuvres présente des limites évidentes, nous sommes ainsi confrontés à une disparition rapide et massive des œuvres hypermédiatiques. Quels sont les enjeux et les moyens disponibles pour la conservation, maintenant et pour l’avenir ?
Approches historiques
Faire l’histoire d’une forme littéraire ou artistique qui n’en est encore qu’à ses premières manifestations relève du défi. Quelle perspective adopter pour décrire le développement de ces formes ? La tendance a été de clamer la nouveauté absolue des œuvres numériques. Mais il convient de les placer dans l’histoire longue des formes culturelles, tant du côté littéraire, de Mallarmé à l’OULIPO, que du côté artistique, avec le mouvement Dada ou le futurisme, pour ne donner que quelques exemples. Face à une pratique en plein essor, quel modèle historique choisir, quelle attitude adopter, quel corpus utiliser ?
Approches théoriques
Le développement de formes artistiques sur Internet modifie le rapport que nous avons avec elles et établit de nouvelles expériences esthétiques. Dans ces œuvres se découvre un rapport inédit au monde qui découle de la relation que nous entretenons désormais avec le Web. Comment les théories existantes – théories de la réception ou de la lecture, théories esthétiques du texte, de l’art, etc. – peuvent-elles être employées pour décrire l'expérience de ces œuvres ? En quoi les nouvelles approches théoriques – ludologie, études des technologies – nous aident-elles à comprendre l'art Web 2.0 ? Dans un contexte de diffusion mondiale, les conditions de réception sont modifiées : quelle est la place de la recontextualisation au sein des œuvres-archives ?
Web 2.0
Initialement conçues pour faciliter la participation des internautes, les technologies du Web 2.0 sont utilisées, voire détournées par certains artistes, afin de produire ou de diffuser leurs œuvres. Plusieurs artistes emploient des ressources comme Second Life, Wikipedia, YouTube, Facebook, Blogger, Flickr, Counter Strike ou Google Earth. De quelles manières les technologies du Web 2.0 enrichissent-elles l'univers de la création en ligne ?
Transmédiatisations, remédiatisations,
réappropriations
Le Web rend possible la diffusion de tous les autres médias. Il est ainsi, suivant les travaux de Jay David Bolter et Richard Grusin, le lieu privilégié de la remédiatisation. Ce phénomène de réappropriation se retrouve aussi dans plusieurs créations hypermédiatiques qui se nourrissent des œuvres provenant d’autres médias. Ces reprises numériques, en utilisant des œuvres antérieures comme matériau de création, s’inscrivent d’emblée dans une logique mnémonique, soulevant plusieurs questions d'ordre à la fois historique et esthétique. Quels types de rapports à l'histoire et à la mémoire sont instaurés par cette poétique de la réappropriation qu’est la transmédiatisation ? Peut-on penser la transmédiatisation selon une logique de l’archivage ? Les artistes du Web, par ce dialogue transmédiatique qu’ils engagent avec le passé, participent-ils à la constitution d’une mémoire esthétique ?
Copyleft/copyright
L'adaptation numérique d'œuvres extérieures au Web soulève plusieurs questions en lien avec le droit d'auteur et la propriété intellectuelle. Puisqu'une partie d'Internet s'est développée dans une volonté participative et communautaire – Web 2.0 et Open Source –, les œuvres créées dans cet esprit ont donné naissance à des mouvements tels le « copyleft », qui autorise la réactualisation et l'altération de l'œuvre originale. Quels sont les enjeux, les implications esthétiques de l'ouverture du droit d'auteur ainsi que de ce rapport modifié aux archives ?
Fictions identitaires
L'accessibilité grandissante du Web et de ses technologies entraîne l'émergence d'un mouvement important d'archivage de documents personnels et publics par le biais de vidéos, de photographies ou de journaux intimes. Les artistes s’approprient cet espace public et anonyme pour y créer des fictions identitaires qui, se présentant parfois sous forme de mise en scène de leur quotidien, oscillent entre fiction et réalité. Comment ces archives à teneurs performatives et fictives nous donnent-elles accès aux événements de l'histoire ? Quels redressements ou distorsions du matériau historique sont rendus possibles par cette fabrication personnelle de documents? Quels sont les effets esthétiques engendrés par la porosité des frontières entre fiction et réalité ? Comment cette porosité affecte la notion d'archivage?
Nota bene
Le colloque sera jumelé au colloque de la Biennale de Montréal 2009, dont le thème officiel est «Open Culture / Culture libre», colloque qui aura lieu les 2 et 3 mai 2009.
Comité de parrainage
Alain Depocas, DOCAM, Fondation Daniel Langlois
Ollivier Dyens, Université Concordia
Claude Gosselin, CIAC
Louise Poissant, UQAM
René Audet, Université Laval
Sheila Petty, Université de Régina
Partenaires institutionnels
NT2, le Laboratoire de recherches littéraires sur les nouvelles
formes de textes et de fictions (UQAM)
Figura, le Centre de
recherche sur le texte et l’imaginaire (UQAM)
Équipe de recherche sur l’imaginaire contemporain, la littérature, les images et les nouvelles textualités (ERIC LINT, UQAM)
La Faculté des arts (UQAM)
Département d'études littéraires, UQAM
Département d'histoire de l'art, UQAM
Centre international d'art contemporain / Biennale de Montréal
Chaire de recherche du Canada en littérature contemporaine, Université Laval
Département d’études françaises, Université de Concordia