Archiver le témoignage

présidence de séance: 
Bertrand Gervais
vendredi 1er mai
communications: 

Challenges and Prospects in Archiving and Interpreting Post-colonial African Digital Art

In 2008, I curated an exhibition of African digital art for the Dunlop Art Gallery in Regina, Sask.  The goal of the exhibition, Transnational Convergences in African Digital Art, was to explore the existence of transnational spaces in African digital art and, more specifically, to see how African artists use a variety of digital and computer-based strategies to express their identities in transnational spaces.  Africa is frequently described as a “have-not” continent and a victim of a digital divide that prevents African nations from participating in contemporary knowledge-based economies.  Despite the clear difficulties in going digital in a context where serious life needs are not fulfilled, Africans are nevertheless actively contributing to digital discourses.  This includes the 2 artists chosen for this exhibition, Home and Away, 2003, Berni Searle (South Africa) and Cryptic, a Traveler’s Diary, (2007), IngridMwangiRobertHutter (Kenya/Germany), who explore the interrelationships and disjunctures between concepts of identity, race, locale and history.

This presentation will examine issues around archiving and interpretation of texts (artworks) produced for a specific context, but “repurposed” for other venues/contexts.  In particular, Berni Searle’s installation, Home and Away (2003) was originally a performance which involved the artist floating in the ocean between Spain and Morocco, an obvious reference to trade routes between Europe and Africa, but also a lyrical reference to the artist’s own complex personal history and ancestry.  The performance piece became a video document which then morphed into a double-screen video installation.  Can each of these experiences/iterations be archived?  What happens to the viewers’ and artist’s identities/experiences in this process?  And what becomes of specific historical experiences or moments?  Are they reconfigured into post-colonial transnational spaces?  Is archiving a new form of colonization in an era where self-styling has allowed post-colonial African digital artists to navigate globalized, transnational spaces and take African visions of self to the world (Mbembe 2002, 242)?

Mbembe, Achille.  “African Modes of Self-Writing.”  Trans. Steven Rendall.  Public Culture, 14(1), 2002: 239-273.

Présentateur: 
heure: 
15h45

Le conflit des médiations. Le témoignage sur le Web et l’exposition du document

À partir de certains cas de figure de témoignages de la Deuxième Guerre Mondiale diffusés sur le WEB, j’aimerais développer la thèse selon laquelle les témoignages hypertextuels (ou l’introduction de témoignages dans les hypertextes) obligent à repenser le concept de « médiation » en fonction de relations conflictuelles entre les différentes fonctions médiatrices du témoignage. Après avoir défini les quatre fonctions traditionnelles du témoignage (fonctions épistolaire, testamentaire, documentaire et configurationnelle), il s’agira de montrer : 1) comment la fonction d’exposition, autrefois secondaire, devient, avec la mise en ligne des témoignages, une fonction première; 2) comment, en gagnant de l’importance, cette fonction d’exposition modifie le sens du témoignage et, surtout, comment elle transforme de manière conflictuelle la relation entre les quatre autres fonctions médiatrices du témoignage.
La notion d’exposition renvoie tant à la présentation publique du témoignage et à sa diffusion qu’à sa valeur documentaire ou « photographique » (la soumission à l’action de la lumière, en tant que révélation matérielle) d’un temps de pose. Elle combine le bagage sémantique du terme anglais « exposure » et celui du terme français d’une « exposition de l’acte judiciaire ». Elle suggère quelque chose qui « s’offre à la vue », redoublant ainsi l’acte premier du témoin qui est bien « d’avoir vu » quelque chose. L’exposition du témoignage sur le Net produit ainsi une sorte d’emballement ou d’exacerbation des aspects constitutifs du témoignage, ce qui a pour effet tantôt de renforcer la valeur du témoignage lui-même, tantôt d’en diluer la portée sous la condition d’une réification problématique du témoin ou de l’archive.
Au final, ce qui apparaît le plus problématique est bien le statut du « corps » du témoin ou, pour le dire de manière plus systématique, le statut du « corps témoignant ». C’est bien l’immatérialité sans corps du témoin virtuel, toujours appelé à disparaître dans les flots de la contingence communicationnelle, qui entre en conflit avec la nécessité d’un « corpus » dont on dit, sous le régime du témoignage, qu’il est « convoqué » et qu’il « tient lieu de quelque chose ou de quelqu’un ».
Je livre ici le substrat théorique de mon exposé. Celui-ci s’attachera à en développer les différents aspects à partir d’exemples concrets, dans un style plus pédagogique. Les exemples toucheront principalement des hypertextes construits autour de témoignages de la Deuxième Guerre Mondiale mis en ligne tant par des descendants de combattants ou de survivants que par des organismes (associations de vétérans ou de survivants) et institutions (musées, maisons d’enseignement, presse et médias).
Cette recherche s’inscrit dans un programme de recherche consacré à l’intermédialité du témoignage, portant sur l’incidence de la technologie sur la configuration de l’expérience de la guerre, du génocide et du Goulag au XXe siècle.

Présentateur: 
heure: 
16h15