De l'hypertexte

présidence de séance: 
René Audet
jeudi 30 avril
communications: 

De l’utilité du rhizome pour penser l’hypermédia

Dans une œuvre hypermédiatique, nous avons la possibilité de parcourir du texte, des images, des animations ou du son. Ces différents parcours de lecture hypertextuels ont été nommé « rhizomatiques ». Archétype de l’hypermédia, le rhizome de Deleuze et Guattari a été une influence majeure dans la conceptualisation historique de l’hypermédia.
À la différence de l’arbre qui pousse en hauteur et hiérarchiquement, le rhizome pousse horizontalement et apparaît comme un modèle d'organisation de la lecture ni hiérarchique ni dichotomique. Multiple, il connecte un point quelconque avec un autre point, et chacun de ses traits ne renvoie pas nécessairement à des traits de même nature tout comme l’hypermédia qui est composé de texte, d’image ou de son.
Nous verrons d’abord comment la réappropriation du concept du rhizome de Deleuze et Guattari dans l’histoire de l’hypertexte et l’hypermédia apparaît chez les premiers penseurs de l’hypertexte des années 1990 tels que George P. Landow (U. Brown), Stuart Moulthrop (U. de Baltimore) Janet Murray (MIT) et Pierre Lévy (U. Ottawa).
Il s’agira ensuite de comparer les six principes du rhizome (principe de connexion ; d'hétérogénéité ; de multiplicité ; de rupture asignifiante ; de cartographie et de décalcomanie) dans le site hypermédiatique Mandel.brot (http://www.mandelbrot.fr/index). L’étude de cas de ce site hypermédiatique d’Alexandra Saemmer et de Bruno Scoccimarro visera à démontrer l’utilité du rhizome comme point de départ et modèle historique pour penser la lecture associative de l’œuvre hypermédiatique.

Présentateur: 
heure: 
11h30

Petit recadrage terminologique et historique : le proto-hypertexte et l’hypertexte.

Le terme proto-hypertexte désigne une œuvre qui, avant même l'invention de l'hypertexte, en appliquait le principe à un texte imprimé. Le concept est utilisé par des théoriciens de l’hypertexte comme George P. Landow et Paul Delany (1991), Jean Clément (1994), Stuart Moulthrop (1995), Michael Joyce (1996) et Phillipe Bootz (2003). S'il est employé couramment, il est frappant de constater qu’il n’a jamais été véritablement interrogé. Pourtant l’apparition d’un tel terme est loin d’être anodine dans l’histoire de l’hypertexte. L’avènement de l’hypertexte électronique a été accompagné d’une ferveur clamant son aspect révolutionnaire et sa nouveauté, en parallèle de quoi s’est développé paradoxalement la revendication d’une filiation à travers des textes canoniques comme Tristram Shandy de Lawrence Sterne, Finnegan’s Wake de James Joyce, ou encore Le jardin aux sentiers qui bifurquent de Jorge Luis Borges. Le proto-hypertexte apparaît alors comme un anachronisme dans l’histoire littéraire, puisque des textes antérieurs sont commentés via une forme littéraire non-existante à l’époque de leurs auteurs. Chronologiquement on aurait : le proto-hypertexte puis l’hypertexte. Une telle succession mérite pour le moins d’être remise en question, d’autant plus que le proto-hypertexte apparaît sous bien des aspects comme un symptôme de l’hypertrophie hypertextuelle. L’hypertexte, à travers le proto-hypertexte, est devenu le point charnière de la temporalité autour duquel gravite toute la littérature moderne. L’historicité revendiquée par le proto-hypertexte semble ainsi aberrante et promotionnelle. Dire que les théories des premiers penseurs de l’hypertexte étaient biaisées par une technophilie sans faille n’est pas une découverte, mais à travers l’étude des différentes occurrences du terme proto-hypertexte chez les théoriciens de référence en matière d’hypertexte que nous nous proposons d’effectuer, c’est tout un pan de l’évolution de la théorie hypertextuelle qui se révèle. En effet, décrire Le chemin aux sentiers qui bifurquent comme un précurseur de l’hypertexte informatique, révèle une conception monolithique de ce dernier, qui, à l’heure actuelle, semble pour le moins discutable. La dénonciation du concept de proto-hypertexte permettra alors une redéfinition de l’hypertexte, ainsi reconnu comme une forme transcendant les médiums.
Cette étude se propose ainsi de définir et décrire de manière diachronique l’usage du terme proto-hypertexte, tout en interrogeant les implications de l’existence d’un tel terme sur la conception de l’hypertextualité en général.

Présentateur: 
heure: 
12h00

Diner

heure: 
12h30-14h00