Perspectives d'archivage

présidence de séance: 
Dominic Forest
vendredi 1er mai
communications: 

La conservation des œuvres de littérature numérique

Pour répondre à certains scénarios de changements dans le cadre d'une politique de conservation à long terme des données numériques (1), différentes stratégies peuvent être mises en oeuvre (2). Ces changements peuvent se situer au niveau du matériel (ex. : un type d'ordinateur n'est plus disponible sur le marché), des logiciels (ex. : un logiciel n'est disponible que sur des ordinateurs obsolètes), de l'environnement (ex. : les droits sur des données ont changé) ou de la communauté utilisatrice de ces données (ex. : une langue n'est plus apprise). Les stratégies mises en œuvre sont par exemple :

  •  la conservation de tous les éléments (matériel, logiciels, données, connaissances),
  •  la migration vers un système plus récent (on réécrit un logiciel),
  •  la virtualisation (on rend les données indépendantes d'un système),
  •  l'émulation (on reproduit le fonctionnement d'un système sur un autre).

La question de l’archivage et de la conservation des données numériques apparaît comme particulièrement cruciale dans le domaine de la littérature numérique. En effet, que doit-on conserver dans une œuvre de littérature numérique ? Le code source (le programme informatique), le dispositif qui a permis de jouer l’œuvre à l’époque de sa création,  une séquence vidéo de l’œuvre en train d’être jouée ou agie ? Il faut sans doute conserver séparément chacun de ces aspects. Or, lorsqu’elles ont des dépôts numériques, les bibliothèques se contentent souvent de conserver le fichier original, ce qui est insuffisant pour préserver une œuvre numérique, a fortiori si elle est générative ou interactive (le fichier informatique n’est pas l’œuvre dans la mesure où ce n’est pas ce qui est perçu par le lecteur). Sans compter que parfois, les œuvres en ligne présentent une dimension contributive : elles s’enrichissent des apports des internautes et évoluent continuellement.

Des projets de recherche en cours tentent d’apporter des solutions. Ainsi, l’Electronic Literature Organization (ELO) a lancé le PAD (Preservation, Archiving and Dissemination : http://eliterature.org/programs/) programme visant à identifier les œuvres numériques en danger et à en maintenir l’accès. Par ailleurs, le programme européen CASPAR (Cultural, Artistic and Scientific knowledge for Preservation, Access and Retrieval  : http://www.casparpreserves.eu/) vise à proposer une approche pour la conservation à long terme des données scientifiques, des contenus culturels et des œuvres artistiques (3).Concernant les œuvres artistiques, cette approche repose sur une représentation du cycle de vie de l'œuvre (solution proposée pour maintenir l'intelligibilité de l'œuvre à long terme) et une méthode permettant de construire cette représentation (depuis la récupération des fichiers jusqu'à la représentation graphique) (4).

Dans notre contribution, nous analyserons ainsi quelles solutions spécifiques se présentent à la littérature numérique – et aux arts numériques de façon plus large - en matière de conservation en nous appuyant sur les pratiques des auteurs, sur celles des bibliothèques, mais aussi sur les projets de recherche en cours.

1 Gladney, H. M. (2006). Principles for Digital Preservation. Communications of the ACM, 49(2).

2 Lee, K.-H., Slattery, O., Lu, R., Tang, X. & McCrary V. (2002). The State of the Art and Practice in Digital Preservation. Journal of Research of the National Institute of Standards and Technology, 107(1).     http://nvl.nist.gov/pub/nistpubs/jres/107/1/j71lee.pdf

3 Giaretta et al. (2006). Caspar and a European Infrastructure for Digital Preservation. European Research Consortium for Informatics and Mathematics, News 66. http://www.ercim.org/publication/Ercim_News/enw66/giaretta.html

4 Geslin, Y. & Esposito, N. (2007). A Method to Represent Acousmatic Works. Intangible Heritage Workshop. http://www.utc.fr/~nesposit/publications/esposito2007method.pdf

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14h00

Perspectives pour un musée archéologique du net art

La conservation du net art a lieu actuellement principalement à travers trois pratiques : l'auto-archivage des artistes, les stratégies muséales de conservation dont la plus sophistiquée est l'approche des médias variables et enfin l'archivage numérique automatique réalisé par des archivistes (à travers des bibliothèques nationales ou bien des organismes à but non lucratif comme Internet Archive). Dans ma communication, je souhaite proposer une approche prospective, hybride qui allie certaines de ces démarches : celle d'un musée archéologique.
La plupart des oeuvres ne sont conservées qu'à l'état de fragments par l'archivage automatique et l'évolution des technologies fait que les oeuvres issues des collections muséales ne « fonctionnent » plus que partiellement. La difficulté de conserver des oeuvres d'art en ligne amène à s'interroger sur la manière de garder, réactiver et étudier ces fragments, rendant la démarche archéologique riche de potentialités.
L'archéologie procède par fragments, assemblant des objets de différents statuts et dans différents états qui font sens lorsque mis ensemble. Elle sait aussi gérer le manque, le vide, et, à travers une recontextualisation, comment proposer un état plausible de ce qu'a été l'oeuvre ou l'objet, tout en laissant la place à d'autres hypothèses. La matière numérique quant à elle est composée d'échantillons. Bien que ces deux termes ne soient en aucun cas équivalents car ils ne portent pas sur le même registre, leur comparaison peut apporter un éclairage sur les possibles façons, en recombinant des fragments, de recréer une oeuvre, de permettre de comparer des ¦uvres entre elles.
Le statut de ce qui est montré est différent dans un musée archéologique (par rapport à un musée d'art) : les visiteurs ont, a priori, conscience que ce qu'ils voient est recréé, reconstruit.
La métaphore de l'archéologie se retrouve également dans l'attention accrue qui est portée au contexte des oeuvres, à leur environnement.
L'archéologie des médias permet de lire l'évolution de la technoculture à travers un cadre théorique historique et socio-technique. Elle apporte un éclairage supplémentaire à l'approche du musée archéologique.
Ce modèle de musée archéologique est davantage une méthodologie d'accès aux oeuvres que la création d'une institution spécifique et autonome. Ce musée informationnel pourrait être créé à l'intérieur d'un réseau d'institutions muséales et archivistiques, mais pourrait également être l'occasion de s'ouvrir à d'autres acteurs du net art, d'aller au delà du rapport spécialiste-profane pour permettre aux artistes, aux publics, aux témoins, d'intervenir. Ce modèle pourrait tendre à être une archive vivante, multiforme et évolutive.

Références bibliographiques :

BLAIS, Joline, IPPOLITO, Jon. At The Edge Of Art. Londres (Royaume-Uni). Thames & Hudson. 2006. 256 p.

FOUCAULT, Michel. L'archéologie du savoir. Paris. Gallimard. NRF. 1969. 279 p.

FOURMENTRAUX, Jean-Paul. Art et Internet. Les nouvelles figures de la création. Paris. CNRS Editions. 2005. 211 p.

GRAU, Oliver (Sous la direction de). Mediaarthistories. Cambridge (Etats-Unis). MIT Press. Collection Leonardo. 2006.

KLUITENBERG, Eric (Sous la direction de). Book of imaginary media. Excavating the dream of the ultimate communication medium. Rotterdam (Pays-Bas). debalie / NAi Publishers. 2006.

POINSOT, Jean-Marc. Quand l'oeuvre a lieu. L'art exposé et ses récits autorisés.  Genève (Suisse). Mamco/Institut d'art contemporain & Art édition. 1999. 330 p.

STALLABRASS, Julian. Internet Art. The Online Clash of Culture and Commerce.  Londres (Royaume-Uni). Tate Publishing. 2003. 165 p.

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14h30

The Implementing New Knowledge Environments (INKE) project: from histoire du livre to nouvelles textualités

This presentation describes the work of the Implementing New Knowledge Environments (INKE) project, a large, international, and interdisciplinary research team studying reading and texts. The INKE team is comprised of researchers at the forefronts of fields relating to textual studies, user experience, interface design, and information management. In broad terms, the project will contribute to the development of new digital information and knowledge environments that build on past textual practices. This presentation discusses our research questions, methods, aims, and research objectives, as well as the rationale behind our work, and its expected significance. 

In addition to giving a broad overview of INKE, this presentation will outline how  INKE’s Textual Studies team, led by Cunningham and Galey, will document the essential features of historical textual forms and their associated human practices. With the full material breadth and complexity of the human record in mind, INKE’s Textual Studies group brings multiple perspectives to bear upon all manner of human artifacts, analog and digital: histoire du livre’s recognition of the economic, geographical, and technological elements of print culture; bibliography’s focus on the complex relationship between texts as language and books as physical constructions; and literary theory’s sensitivity to the complexities of form, content, and materiality. Our team will build a repository of facsimile exemplars of samples of type, columns, marginalia, tables, charts, volvelles (moving parts in books), indexes, pictures, title pages, and error-control mechanisms – all elements of the pre-digital information architecture of books, which INKE’s prototypes must adapt and reconfigure. This presentation gives an outline and rationale for that work, and describes how such historical research is essential to digital prototyping of knowledge environments in new media.

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heure: 
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pause

heure: 
15h30